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Kinshasa

KINSHASA EN VIDEO

C'est un grand établissement, non par la taille malheureusement, les locaux restent restreints, mais par le nombre des élèves qui en primaire alternent le matin et l'après-midi. L'effectif est en maternelle de 175 élèves, en primaire (collège) de 1648 élèves, et au lycée de 888 élèves, donc un ensemble de 2657 élèves, avec 80 professeurs et éducateurs.

Février 2020 : Session de formation de professeurs à Sainte-Christine de Kinshasa

" Pour la 5ème année une équipe de professeurs, plus nombreuse que d'habitude, est partie, avec Brigitte Cazeaux, professeur de lettres classiques aujourd'hui retraitée, en février, pour travailler avec des professeurs de l'Ecole Sainte-Christine de Kinshasa. Cet établissement d'un quartier pauvre et animé de Kinshasa, le quartier de Makala, situé à côté du rond-point Ngaba,  un noeud de communication important de la mégapole,  a une longue histoire commune avec le lycée Sainte-Marie-Lyon  : depuis 2006, d'abord, des groupes d'élèves sont venus trois semaines en été animer des ateliers avec les élèves, avant cette formation, qui a eu lieu dès avril 2016.

Nous avons abordé plusieurs disciplines avec Daniel Bossard, professeur de lettres modernes à Made In, puis avec Isabelle Feron, ancienne responsable de la pastorale, ensuite avec Dominique Thiébault, professeur de Sciences Physiques, nouvellement retraitéeet cette année avec deux professeurs retraités de mathématiques de l'enseignement public du Puy en Velay, Guy et Brigitte Bénat, de la Communion du Chemin Neuf , et une collègue de Sciences de la Vie et de la Terre au lycée Saint Paul, Gersende Gourdain.

Nous avons été accueillis par le Père Stéphane Huard, responsable de la RDC et de la communauté de Kinshasa, et le directeur de l'établissement, Ignace Bulweme, avec qui nous collaborons depuis de nombreuses années. Et cette session de formation a été une réussite avec les vingt professeurs, en particulier ceux de sciences après ceux de français les années précédentes.Cette continuité permet aux collègues congolais d'obtenir de nouvelles ressources, souvent informatiques ; en français j'ai à coeur de les faire travailler sur des textes complets africains francophones récents, parce qu'ils n'ont à leur disposition pour leurs classes que des anthologies de textes datant des années 1960 et rééditées sans modification depuis. Difficile pour les enseignants et les élèves de voir que la littérature africaine contemporaine est toujours vivante, alors que les écrivains congolais actuels, par exemple, édités en Europe, leur sont difficilement accessibles. Au fil des années j'ai pu constituer une petite bibliothèque de « leurs » auteurs.

En mathématiques, en français et d'autres disciplines, et autour de la bibliothèque, ils ont aussi pu créer des liens entre l'école primaire et secondaire, ce qui n'est pas toujours facile dans un établissement aussi important.

Tout cela s'est fait dans la joie et dans un esprit fraternel. Durant 5 jours nous avons travaillé soit ensemble (prière du matin, relecture, formation sur la box, vision d'une vidéo et débat sur l'immigration) soit en groupes. Un travail de formation autour d'une banque de donnée informatique a pu être exécuté aussi grâce à Guy Bénat, en collaboration avec Alain Mbo, professeur d?informatique de Sainte Christine.

Brigitte Bénat : J'avais, en partant, un peu de mal à imaginer ce que souhaitaient les professeurs de maths pendant ce temps de formation, mais, dès le premier jour, ils ont paru enthousiastes devant nos propositions.  Par exemple des collègues du lycée m'avaient donné des calculatrices qu'ils n'utilisaient plus. Lorsque à Kinshasa, j'ai proposé d'utiliser ces calculatrices scientifiques, obligatoires chez nous en lycée mais inconnues à Sainte Christine, les professeurs ont voulu découvrir toutes les touches, toutes les possibilités de cet outil. Ils voulaient refaire plusieurs fois les manipulations afin d'être sûrs de maitriser le fonctionnement une fois seuls : tracer des courbes, obtenir directement des tableaux de valeurs, calculer des moyennes, des statistiques ... Enfin pouvoir utiliser ces calculatrices chez eux, dans la préparation des cours, sans avoir besoin d'électricité ou d'internet ! Une autre activité les a beaucoup intéressés : faire du calcul mental en groupe avec de simples dés ... Ils en ont vu tout l'intérêt pour leurs élèves.

Cette école ne possède aucun matériel pour les mathématiques, sinon un tableau et des craies dans chaque salle, et les professeurs n'ont chez eux qu'un seul livre pour préparer leurs cours ; les élèves n'ont aucun document autre que le cours qu'ils recopient au tableau. Pourtant la motivation et l'intérêt des enseignants m'ont touchée.

Cette semaine de formation est une pause pour eux, une ouverture vers d'autres pratiques, la possibilité aussi de se rencontrer entre collègues de la même discipline, et entre primaire et secondaire.

Guy Bénat L'école Sainte Christine a été dotée de matériel informatique mis au point par l'ONG ED4free, spécialisée pour l'équipement de pays africains où il y a des problèmes d'internet voire d'électricité. Pendant les mois qui ont précédé notre mission, J'ai appris à me servir de la box, petit routeur émetteur wifi qui permet le branchement simultané de 20 tablettes, ordinateurs ou smartphone

Lors de la formation, nous avons pu ainsi montrer aux enseignants les ressources numériques de cette box : documents professionnels, bibliothèques, cours de matières diverses, vidéos « les fondamentaux » de Canopé, exercices de mathématiques de tous niveaux pouvant être pratiqués individuellement, wikipédia, géométrie dynamique et tracés de courbes, documents d'académies francophones ou anglophones...Les professeurs ont également pratiqué et ont pu réaliser les branchements, utiliser concrètement les ressources, envisager leur utilisation en classe, imaginer des séances, et découvrir ainsi ce que le numérique peut apporter à l'enseignement et à la pédagogie. Avec l'attachée de coopération de l'ambassade, Christine Tiran-Matignon, une formation complémentaire a été prévue avec Canopé pour apprendre à insérer ces moyens dans les cours et approfondir la pratique concrète.

Il est apparu clairement que le rôle et la qualité du responsable informatique, Alain Mbo étaient essentiels à la réussite du projet. Par ailleurs, pour un bon fonctionnement, l'installation de panneaux photovoltaïques permettant une plus grande autonomie semble indispensable à court terme.

Sainte-Christine est ainsi devenue, sur ce projet, une école pilote : elle montre que l'accès au numérique est possible et constructif, même en quartier pauvre avec des élèves vivant dans des conditions difficiles ; nous avons été émerveillés par la qualité et l'investissement des enseignants et des chefs d'établissements, en primaire comme au secondaire.  

Gersende Gourdain J'ai travaillé avec trois femmes, deux professeures de SVT, Florence Bolotito et Léonie Muba, ainsi qu?une professeure de SPC/SVT Aimée Mosolo, toutes les trois dynamiques, motivées et drôles malgré le contexte si difficile en RDC. Nous avons échangé sur nos pratiques en classe et j'ai constaté que nous construisions nos cours de la même manière, avec la même démarche scientifique. Nous nous sommes retrouvées sur des connaissances et des pratiques communes. Mais cette rencontre sur leur terrain a également été l'occasion de mesurer tous les obstacles que les professeurs rencontrent pour transmettre cette matière dont l?essence est la pratique. Elles enseignent, devant des classes très chargées, jusqu'à 70 élèves, avec peu de matériel, sans eau courante ni très souvent électricité, sans laboratoire, ni paillasse. De cette manière toute manipulation devient quasiment impossible. Pourtant, tellement d'expériences et d'observations permettent de comprendre et d'illustrer les connaissances en biologie-géologie, physique-chimie ! Nous avons pu faire plusieurs expériences et les professeurs étaient enthousiastes et ne voulaient plus s'arrêter ! Malgré le manque de matériel, de moyen, de reconnaissance de la part de l'Etat, ces professeurs ont envie de transmettre et que leurs jeunes réussissent. Elles parviennent à proposer des expériences devant de petits groupes d'élèves, et j'ai pu leur apporter du matériel, à la suite de Dominique Thiébault l'année dernière en SPC. Nous avons eu des discussions fort intéressantes, sur l'éducation des femmes, sur le planning des naissances et le système de santé kinois, en particulier pour les femmes qui accouchent. Nous avons bon espoir que le laboratoire prévu puisse être construit, grâce aux dons transitant par la Fondation des Maristes de Puylata, lorsque la situation sera stabilisée. Les professeurs nous ont fait part de la grande joie que des collègues d?un autre pays viennent à leur rencontre en toute simplicité. 

Brigitte Cazeaux En ce qui concerne le français, j'avais choisi de faire cette année un groupement thématique autour de l'immigration, après une visite dans une classe de Première l'année dernière où j'avais pu voir le désir des jeunes de partir pour l'Europe ou les USA. J'ai travaillé sur des auteurs africains francophones, une auteure sénégalaise, deux auteurs du Congo-Kinshasa et un auteur du Congo-Brazzaville. Cela nous a permis de mettre en place des études de textes et une réflexion instructive pour les élèves : il y a plusieurs sortes d'immigration, l'immigration politique (Pie Tshibanda), un projet bien préparé d'immigration économique, avec parfois une bourse d'étude (Fatou Diome), et l'immigration clandestine, qui, elle, se termine souvent de manière catastrophique, avec le risque de la prostitution et de l'insertion dans des réseaux maffieux (Bofane, Mabanckou). Je travaille depuis plusieurs années avec ce groupe de professeurs (l'an dernier autour de la bibliothèque avec aussi les maîtres du primaire), et nous avons maintenant des liens forts et une grande confiance réciproque. Nous avons visionné une vidéo du spectacle autobiographique de Pie Tshibanda, Congolais qui vit en Belgique, pour ensuite débattre entre professeurs, chacun apportant son expérience familiale ou personnelle sur l?immigration, afin de quitter des préjugés et de mieux comprendre ce qui se jouait entre nos pays.

La joie de vivre et le courage des Kinois sont édifiants. J'écris cet article pendant le confinement du coronavirus. Je suis sûre que leur courage ne se démentira pas ; il en faut pour vivre dans ce contexte sans perdre foi en l'avenir, et la foi en son métier en est un des piliers. Nous souhaitons recommencer si l'occasion nous en est donnée. "

Brigitte Cazeaux


[1] C'est un grand établissement, non par la taille malheureusement, les locaux restent restreints, mais par le nombre des élèves qui en primaire alternent le matin et l'après-midi. L'effectif est en maternelle de 175 élèves, en primaire (collège) de 1648 élèves, et au lycée de 888 élèves, donc un ensemble de 2657 élèves, avec 80 professeurs et éducateurs. 

[4] Grâce aux dons de la Fondation l'Ecole Sainte-Christine a pu construire de nouveaux bâtiment depuis 2007, et un laboratoire est en projet et sera bientôt aménagé. 

[6] Petit routeur wifi, sorte de bibliothèque numérique, accessible par smartphones ou tablettes.

[7] Cette box avait été donnée par l'ambassade de France avec des tablettes pour son utilisation dans les classes. Une attachée culturelle a pu venir observer notre travail et a été très contente de la réception qui en a été faite.

[8] http://www.ed4free.org/

[9] Peu de professeurs ont leur ordinateur, mais presque tous disposent de smartphones, c?est vital pour la communication dans cet immense pays où il n?y a pas de service de poste et où les familles sont souvent dispersées.

[10] Congo-Kinshasa

Bofane In Koli Jean La Belle de Casa (2018) Actes Sud

Tshibanda Pie Un fou noir au pays des Blancs (1999) Présence africaine.

C'est un récit autobiographique, qui a donné lieu à un one-man-show.

Congo-Brazzaville

Mabanckou Alain Tais-toi et meurs (2012) Folio

Sénégal

Diome Fatou

La Préférence Nationale Nouvelles (2001) Présence Africaine

Le Ventre de l'Atlantique (2003) Livre de Poche

 

Sainte Christine est une école comprenant une maternelle, un primaire et un secondaire.

Des filières métiers son également proposées depuis 2009 pour offrir des débouchés

Le  CFP St-Joseph offre son expertise dans tous ses domaines de compétence.

Dans chaque filière, sont assurés des travaux de qualité.

Construction

Murs, bâtiments de plein pied, à étage, aménagements intérieurs, citernes, fosses, terrassements, caniveaux, petits ponts ? tous les travaux en maçonnerie, nos techniciens peuvent le réaliser. Nos formateurs assurent la maîtrise d??uvre complète des chantiers.

Électricité

Installations neuves, réparations  d?installations défectueuses et installation de système photovoltaïque (panneau solaire) : à la différence des nombreux "bricoleurs" que l?on trouve à Kinshasa, nos électriciens sont formés pour respecter des normes standard.

Menuiserie

Portes, chaises, tables, armoires, placards et autres mobiliers, en particulier mobilier scolaire ou de bureau, plafond, charpentes et toitures... Toute commande particulière peut être étudiée. Nous proposons également la découpe et l?usinage du bois aux clients extérieurs grâce aux machines de notre atelier (raboteuse, toupie, scie à ruban, scie circulaire, machine à tour, dégauchisseuse, ?).

Soudure

Portail, portes, grillages de sécurité, tables, chaises, cuves étanches, treillis métalliques, chéneaux, brouettes, braseros, barbecues, caisses à outils? Là encore, il suffit de demander !

Coupe et couture

Habillement femme, uniformes scolaires, rideaux, nappes? Toute commande particulière peut être étudiée.